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Tuesday, August 15, 2017

Préparation Agrégation le Royaume Uni à l'épreuve de la crise 1970-79

This is the second year this question is on the curriculum. I am looking forward to meeting the new student preparing the agrégation - I think our first class is on the 19th.

The Revue française de civilisation britannique produced a special issue on the question. You can buy it, (here :) or there is a copy in the Library at Rouen (if you are elsewhere, ask your university Library to buy it).

Here is the introduction of the issue.

Britain in the 1970s


The United Kingdom and the crisis in the 1970s
Le Royaume-Uni à l’épreuve de la crise 1970-1979

Avant-propos

Les années 1970 n’appartiennent plus à l’histoire récente. Seulement la moitié des habitants du Royaume-Uni en garde un quelconque souvenir. D’une certaine façon, cette décennie appartient à un autre monde, un monde avant l’internet, avant la télévision par câble et Facebook, avant les chaînes de restauration rapide et le rap. L’espérance de vie des hommes était alors de 68,7 ans et celle des femmes de 75 ans. Moins de la moitié des foyers possédait une voiture, un tiers avait le téléphone mais deux tiers une machine à laver. Le pays comptait alors plus de 11 millions de syndiqués.

Pour autant, la période n’est pas coupée de notre monde par un cataclysme aussi brutal qu’une guerre mondiale, et nombre des problématiques politiques de la décennie restent d’actualité : coupes dans les budgets sociaux, privatisation des services publics, racisme et intégration, relations avec le reste de l’Europe et avec les institutions financières mondiales, articulation entre le centre et la périphérie du territoire. La société britannique est aujourd’hui très marquée par les décisions néolibérales des gouvernements des dernières décennies, comme en témoignent le haut niveau des frais d’inscription universitaires, les contrats précaires et les stages non-rémunérés, les retraites privées et les taux d’imposition sur les entreprises. Ces éléments tendent à souligner une rupture entre les années 1970 et maintenant, symbolisée par les mandats de Margaret Thatcher, figure qui lors de son décès a soulevé autant d’hommages officiels que de fêtes dans la rue.

Toutefois, d’autres aspects de la société britannique de 2016 révèlent des continuités avec la décennie 1970. Les acteurs des mobilisations isolées pour les droits des homosexuels et des lesbiennes à l’époque n’auraient pu imaginer que quarante ans plus tard une loi autorisant le mariage gay soit approuvée par un gouvernement conservateur. Les grèves récentes des médecins hospitaliers ou dans les réseaux ferroviaires privatisés ressemblent en tout point aux mouvements des années 1970. Et l’adhésion de centaines de milliers de personnes à un parti travailliste dirigé par un militant de gauche de longue date montre bien que bien des conflits politiques qui se trouvaient moins visibles sur la scène publique n’avaient pas pour autant disparu.

Il n’est pas rare que la décennie soit décrite comme une période de déclin de la nation. Pour certains, ce déclin a été enrayé par l’arrivée opportune d’une héroïne en la personne de la « Dame de fer ». Pour d’autres, la conscience de classe et la solidarité syndicale commençaient à refluer avant d’être tragiquement achevées par la même Thatcher. Le retour du chômage de masse eut un impact social et psychologique terrible sur les classes populaires, le très haut niveau de l’inflation ayant quant à lui pour effet de détruire une bonne partie de la valeur de l’épargne pour les classes moyennes.

Cependant tous les milieux ne voient pas la décennie en noir. Celles et ceux qui militaient pour la libération des femmes, ou contre le fascisme, les militants syndicaux de base ou les amateurs de musique populaire ont tous autant de raisons de voir les années 1970 comme un âge d’or. Par ailleurs, cette décennie vit la généralisation du collège unique (comprehensive school) et qui renvoya l’idée de la sélection par examen à l’âge de onze ans vers les marges de la société. C’est aussi le moment du passage de lois sur l’égalité salariale entre hommes et femmes et contre la discrimination raciale qui, si elles semblent bien timides au vu des critères actuels, étaient assez en avance par rapport aux autres pays européens. Les années 1970 enregistrent par ailleurs la baisse du taux de mortalité enfantine d’un tiers, l’amélioration considérable de la qualité moyenne des logements de la classe ouvrière, et l’accès au chauffage central s’étendre au-delà des couches privilégiées.

La décennie 1970 est donc complexe et contradictoire, et ce numéro qui lui est dédié ne saurait être caractérisé par un regard univoque réducteur.

Nous sommes ravis que Kenneth Morgan, historien britannique de premier plan et auteur de l’Oxford History of Britain, ouvrage qui a vendu plus d’un million d’exemplaires, ait accepté d’écrire pour nous ses analyses sur la décennie. Il a pu, au cours de sa carrière, interviewer nombre des dirigeants politiques des années 1970. Dans son présent article il retrace les événements clé de la décennie qui ont construit sa réputation assez noire de crise  et de dépression. Ensuite il rétablit une vision équilibrée en soulignant les acquis de la décennie (l’intégration dans le marché commun, les lois contre les discriminations…), la grande qualité qu’il trouve à certains des dirigeants gouvernementaux, et l’absence, peu souvent remarquée, de conflits militaires majeurs. Il en conclut, concernant la fin de la décennie : « Perhaps the so-called dark ages when the lights went out veiled a process of readjustment and renewal. Britain remained a land if not of glory at least of hope. »

Les années 1970 marquent la fin du consensus politique transpartisan mis en place après la seconde guerre mondiale. Gilles Leydier analyse cette décennie charnière pour le système politique britannique, et les dysfonctionnements multiples par rapport au modèle antérieur. Dans un contexte de difficultés économiques aiguës et de troubles sociaux récurrents, la démocratie à la britannique connaît elle aussi une sérieuse crise de confiance qui touche à la fois à la question de la représentation de l’opinion et aux modalités de gouvernance du pays.

Marc Lenormand, dans sa contribution « L’hiver du mécontentement’ de 1978-1979 : du mythe politique à la crise interne du mouvement travailliste s’attelle à démanteler la vision simpliste qui accompagne souvent la discussion de cette vague de conflits sociaux vers la fin de la décennie. Il souligne que cet affrontement entre grévistes et gouvernement travailliste relève, de bien de points de vue, d’une continuité des tendances précédentes plutôt que d’une rupture. Par ailleurs, les grèves de 1978-79 pouvaient être fort variées et ne doivent pas être considérées comme un mouvement constitué.

Les avancées du féminisme représentent un événement important de la décennie, l’année 1970 étant généralement considérée comme fondatrice du mouvement de libération des femmes britanniques. À partir notamment de l’étude des publications féministes, et des pratiques innovatrices d’un nouveau type de mouvement social, Florence Binard retrace l’histoire de ce féminisme, et son impact à la fois sur l’évolution des rapports entre sexes au sein de la société britannique et sur l’émergence d’une législation novatrice favorisant l’égalité hommes-femmes. 


Les commentateurs sont unanimes concernant le rôle important qu’a joué le Royaume-Uni des années 1970 dans l’histoire de la musique populaire. Black Sabbath, Led Zeppelin, David Bowie, les Sex Pistols, Police : quel autre pays a produit autant d’artistes influentes durant cette décennie ? L’article de John Mullen vise à mettre en regard l’histoire de cette production si marquante et la vie sociale de la population britannique de l’époque. Quels changements étaient en cours concernant le rôle de la musique dans la vie quotidienne ? Que proposaient les artistes aux consommateurs, comme divertissement, comme discours philosophique ou politique, comme rébellion esthétique ? La contribution plaide pour que la musique populaire, activité prioritaire pour des millions de citoyens, soit prise au sérieux par les historiens, et donne quelques clés pour une analyse fructueuse.


La relation entre Londres et la périphérie dite « celtique » constitue aussi un enjeu majeur dans les années 1970, à des titres divers. Ainsi la question irlandaise revient au premier plan de l’actualité politique à partir de 1968, qui marque le début des « Troubles » en Irlande du Nord. Dans son article, Philippe Cauvet explore l’ampleur de la crise nord-irlandaise et montre la spécificité de sa gestion par le gouvernement londonien pendant la décennie 1970, et qui tient notamment au choix stratégique du maintien d’une alliance controversée avec le bloc partisan unioniste. L’inefficacité et in fine l’échec de la politique britannique sur le territoire nord-irlandais dans le domaine sécuritaire sont mis en relation avec l’incapacité de l’État britannique à se dégager d’une culture de gouvernement historiquement dépassée et inadaptée aux enjeux du moment.

La question de la dévolution à destination de l’Écosse et du pays de Galles représente un autre volet des revendications qui voient le jour dans les nations périphériques à partir de la fin des années 1960. Concernant l’Écosse Nathalie Duclos analyse l’évolution des résultats électoraux du Scottish National Party, qui passe en quelques années d’un statut marginal à celui de protagoniste majeur, avant de décliner quelque peu vers la fin des années 1970. Les causes de cette décennie « paradoxale » pour les nationalistes écossais sont étudiées à travers une série de modèles explicatifs, illustrant la divergence grandissante entre la scène politique écossaise et  le reste de la Grande-Bretagne.

Concernant le pays de Galles, c’est également le rôle joué par le parti nationaliste Plaid Cymru dans l’affirmation identitaire qui retient l’attention. Stéphanie Bory analyse le décollage électoral spectaculaire de PC ainsi que ses tensions internes, annonciatrices de son recul politique et de la fragmentation du nationalisme gallois dans la deuxième moitié des années 1970. L’échec manifeste du référendum sur la dévolution en 1979 au pays de Galles est expliqué par l’essoufflement du mouvement nationaliste et le décalage flagrant avec le timing du calendrier institutionnel.

La question de l’immigration et des populations issues de l’immigration est un aspect incontournable des évolutions politiques des années 1970. De nouvelles lois, la montée d’organisations racistes et de mobilisations antiracistes, et la réaction des partis établis devant ces nouveaux phénomènes, sont analysées dans la contribution de Vincent Latour. Il en conclut que ces aspects des années 1970 ont laissé leur marque et ont servi de base pour des évolutions ultérieures spécifiquement britanniques.

Stéphane Porion traite également des minorités ethniques, du racisme et de la politique,  mais d’un autre aspect. Il analyse les évolutions à l’intérieur du parti conservateur. En effet, les discours anti-immigrés d’Enoch Powell à la fin des années 1960 l’ont rendu le politicien conservateur le plus populaire du pays. Edward Heath et ensuite Margaret Thatcher, à la tête du Parti conservateur, ont voulu tenir compte de ce courant puissant dans l’opinion, sans abandonner les essentiels idéologiques du parti. Cet article défend la thèse selon laquelle la marginalisation des organisations de l’extrême droite à la fin des années 1970 fur dû avant tout à l’intégration d’une partie des opinions anti-immigrés dans le discours officiel des Conservateurs.

Les années 1970, venant si tôt après les événements de 1968 qui ont eu également leur écho outre-manche, virent se développer une extrême gauche influente. Qu’il s’agisse du Parti communiste, très bien implanté dans les usines et les organisations syndicales, ou les International Socialists/SWP, au cœur des mobilisations de la Ligue anti-nazie et Rock against Racism, la gauche radicale constituait une démonstration que quelques milliers de militants pouvaient, à condition de savoir s’allier avec des couches plus larges, avoir un effet plus puissant que leur nombre suggérerait. Le système électoral britannique a toujours défavorisé les petits partis, mais une compréhension de l’histoire politique de la décennie ne doit pas laisser de côté ces groupes. La contribution de Jeremy Tranmer nous le rappelle et nous l’explique.

Nous espérons que ce numéro servira à la fois aux étudiants préparant l’agrégation sur cette question, et à tous ceux qui veulent construire une compréhension subtile et équilibrée de la fin des trente glorieuses et le début de la longue crise.

Gilles Leydier et John Mullen    novembre 2016






Centre de Recherches et d’Études en Civilisation Britannique (CRECIB)
Bureau :
Président : Gilles LEYDIER
Vice-présidente : John MULLEN
Secrétaire : Vincent LATOUR
Secrétaire-adjointe : Raphaêle KILTY
Trésorier : Stéphanie BORY
Trésorier-adjoint : Alice BYRNE

Comité de Direction de la Revue :
Agnès ALEXANDRE-COLLIER (Université de Bourgogne)
Nicolas DEAKIN (London School of Economics, Royaume-Uni)
Renée DICKASON (Université Rennes 2)
Susan FINDING (Université de Poitiers)
John KEIGER (University of Salford, Royaume-Uni)
Martine MONACELLI (Université de Nice)

Comité de Rédaction de la Revue :
Gilles LEYDIER (Université de Toulon)
John MULLEN (Université de Rouen)
Vincent LATOUR (Université de Toulouse-Jean-Jaurès)
           

abonnements, diffusion en librairie et vente au public :
Presses Sorbonne Nouvelle (PSN)
Boutique des Cahiers
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' 01 40 46 48 02 7 01 40 46 48 04

Pour toute information
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LISTE DES ANCIENS NUMEROS
http://rfcb.revues.org/216








REVUE FRANÇAISE DE CIVILISATION BRITANNIQUE

FRENCH JOURNAL OF BRITISH STUDIES
( http://rfcb.revues.org/ )


Publiée par


Le Centre de Recherches et d’Études en Civilisation Britannique

(CRECIB)


Concours agrégation :

BRITAIN AND THE CRISIS
 IN THE 1970s

LE ROYAUME-UNI A L’EPREUVE DE LA CRISE 1970-1979

                                                  Responsables du numéro :
                                                                       

John MULLEN et Gilles LEYDIER


Directeur de la publication : John MULLEN



Sommaire

Gilles Leydier et John Mullen 
Introduction
Kenneth Morgan
Britain in the Seventies – Our Unfinest Hour?
Gilles Leydier
Crise de la représentation et crise de gouvernance ? La modèle politique britannique en question.
Marc Lenormand
L’« hiver du mécontentement » de 1978-1979 : Du mythe politique à la crise interne du mouvement travailliste
Florence Binard
The British Women’s Liberation Movement in the 1970s : Redefining the Personal and the Political
John Mullen
UK Popular Music and Society in the 1970s
Philippe Cauvet
L'Etat britannique et la crise en Irlande du Nord: de Wilson à Thatcher
Nathalie Duclos
The 1970s: a “Paradoxical Decade” for the Scottish National Party
Stéphanie Bory  
« A Dream Turned to Ashes » ? Les évolutions contradictoires du nationalisme gallois dans les années 1970
Vincent Latour
Between Consensus, Consolidation and Crisis: Immigration and Integration in 1970s Britain

Stéphane Porion
La question de l’immigration au Royaume-Uni dans les années 1970 : le Parti conservateur, l’extrême droite et  l’« effet Powell »
Jérémy Tranmer
A Force to Be Reckoned with? The Radical Left in the 1970s.

Recensions
Valérie Auda-André
Recension d’ouvrage : Baker David et Schnapper Pauline, Britain and the Crisis of the European Union, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2015, xi-234 p.
Shirley Doulière
Recension ressources : Les archives de la revue féministe Spare Rib sur le site de la British Library







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